Niché au creux verdoyant de la vallée de la Truyère, dans le nord sauvage du département de la Lozère, se love un village d’une beauté à couper le souffle. Bienvenue au Malzieu-Ville, cité médiévale au charme envoûtant, récemment consacrée au prestigieux rang des « Plus Beaux Villages de France ». Ainsi, laissez vous transporter dans un voyage temporel où chaque pierre raconte une histoire captivante, tissée au fil des siècles mouvementés.
Sommaire:
Genèse d’une cité fortifiée
Guerres de religion : l’heure des affrontements
Renaissance et renouveau architectural du Malzieu-Ville
Le mystère de la bête du Gévaudan
Révolution et séparations territoriales du Malzieu-Ville
Le Malzieu-Ville à l’Ère industrielle et durant la modernisation
Patrimoine vivant et dynamisme culturel
Flânerie dans les ruelles du temps au Malzieu-Ville
Malzéviens célèbres, de la chirurgie à la littérature
Le Malzieu-Ville en quelques mots…
Le Malzieu-Ville, visite et histoire
Genèse d’une cité fortifiée
Les premières traces d’implantation humaine au Malzieu-Ville remontent au lointain âge de pierre, il y a des millénaires. Cependant, l’écrit le plus ancien mentionnant l’existence de ce bourg date du IXe siècle après J.-C. En effet, à cette époque, des moines bénédictins de l’abbaye de Saint-Gilles fondent deux prieurés dans la région: Saint-Hippolyte au Malzieu et Saint-Laurent à Verdezun, village voisin.
Au XIe siècle, Le Malzieu passe sous la tutelle des puissants barons de Mercœur, l’une des huit baronnies qui règne alors sur la province du Gévaudan, territoire correspondant à l’actuelle Lozère. Cependant, ces seigneurs érigent leur château principal à Verdezun, mais l’importance stratégique du Malzieu ne fait aucun doute.
Photo ci-contre: Porte d’entrée dans le village médiéval du Malzieu en Lozère, France – AdobeStock
Une forteresse imprenable
Dès la fin du XIIe siècle, la cité se dote d’imposantes fortifications pour se prémunir des pillards sévissant dans la contrée. Ainsi, remparts massifs, tours de guet, portes monumentales et chemin de ronde viennent renforcer la silhouette du Malzieu, désormais transformé en véritable place forte.
Cette enceinte défensive sera mise à rude épreuve pendant la guerre de Cent Ans. En effet, la ville subit de multiples sièges et pillages par les redoutables « Grandes Compagnies ». Mais ses murailles tiennent bon, préservant le cœur historique du Malzieu.
Guerres de religion : l’heure des affrontements
Le XVIe siècle marque un tournant sanglant dans l’histoire du Malzieu avec l’avènement des guerres de Religion qui opposent catholiques et protestants. Ainsi, en 1573, la cité tombe aux mains du capitaine huguenot Matthieu Merle, connu pour sa ruse et sa cruauté.
En effet, Merle et ses troupes pénètrent dans la ville par un stratagème audacieux. Ils empruntent le lit d’un ruisseau passant sous les remparts – le fameux « trou de Merle ». S’ensuivent alors des massacres, pillages et rançonnements qui jettent la terreur parmi la population locale.
La riposte catholique
Face à ces exactions, le duc de Joyeuse, soutenu par le roi Henri III, décide de reprendre le Malzieu aux protestants. Ainsi, en août 1586, après un siège musclé impliquant artillerie et arquebusiers, les forces catholiques reconquièrent la cité, détruisant au passage une partie des fortifications médiévales.
Les vaincus subissent un sort funeste : de nombreux opposants sont pendus, marquant la fin de l’occupation protestante. Bien que meurtrie, la ville conserve l’essentiel de son riche patrimoine architectural.
Photo ci-contre: Le beffroi, tour de l’horloge à Le Malzieu-Ville en Lozère – AdobeStock
Renaissance et renouveau architectural de Le Malzieu-Ville
Le XVIIe siècle s’ouvre sur une période sombre pour le Malzieu, frappé de plein fouet par les terribles épidémies de peste noire qui déciment alors l’Europe. Ainsi, pour enrayer la propagation du fléau, un médecin préconise en 1632 d’incendier une maison contaminée. Malheureusement le feu se propage et ravage neuf rues du cœur historique.
Loin d’être un désastre, cet incendie offre au Malzieu l’opportunité d’un renouveau architectural. En effet, pour reconstruire, on fait appel à des bâtisseurs italiens dont l’influence se lit aujourd’hui dans les superbes façades Renaissance ornant la place centrale.
L’empreinte des bâtisseurs transalpins
Frontons ouvragés, fenêtres à meneaux et traverses : partout dans la cité, les maisons reconstruites arborent ces détails architecturaux si caractéristiques de la Renaissance italienne. Un véritable régal pour les amateurs d’art et d’histoire!
Les nouveaux édifices sont par ailleurs adossés aux anciens remparts, ce qui confèrent au Malzieu une allure à la fois élégante et robuste, digne d’une cité fortifiée. De plus, ce mariage réussi entre tradition locale et influences méditerranéennes fait aujourd’hui la fierté des Malzéviens.
Le mystère de la bête du Gévaudan
Entre 1764 et 1767, le Malzieu et ses environs sont le théâtre d’un des plus grands mystères de l’Histoire de France: les attaques terrifiantes de la légendaire Bête du Gévaudan. En effet, cette créature carnassière, dont la véritable nature reste débattue, sème la panique dans toute la région en s’attaquant aux humains.
Si une seule victime est officiellement recensée au sein même du village, le Malzieu joue un rôle central dans les opérations de traque lancées par les autorités royales. Ainsi, l’Hôtel de la Croix Blanche devient le quartier général des chasseurs, tandis que les Malzéviens sont mobilisés pour surveiller les abords de la Truyère.
L’ultime confrontation
En juin 1767, c’est depuis le Malzieu que part Jean Chastel, le fameux tireur d’élite envoyé par le roi Louis XV pour abattre la Bête. Quelques jours plus tard, dans les gorges voisines du Gévaudan, Chastel affronte et tue la créature maudite, mettant fin à trois années de terreur.
Aujourd’hui, de nombreuses statues et œuvres d’art disséminées dans le village rappellent cet épisode dramatique. Cependant, la Bête du Gévaudan, loin d’être oubliée, continue de nourrir l’imaginaire collectif et d’attirer curieux et passionnés d’Histoire.
Révolution et séparations territoriales au Malzieu-Ville
À l’instar du reste de la France, le Malzieu connaît les soubresauts de la Révolution de 1789. Si certains habitants embrassent les idées nouvelles, d’autres restent farouchement attachés à l’Ancien Régime et à la monarchie.
Ces dissensions conduisent à un événement majeur pour le village: en 1790, un décret révolutionnaire sépare administrativement le Malzieu-Ville des hameaux et villages alentours, donnant naissance aux communes distinctes du Malzieu-Forain (l’actuel Malzieu-Campagne) et de Verdezun.
Biens nationalisés et clergé dispersé
La Révolution marque également la fin de la présence séculaire des Ursulines au Malzieu. En effet, contraintes de quitter leur monastère, ces religieuses voient leurs biens confisqués par la jeune République. Quant au clergé paroissial, il doit prêter serment à la Constitution civile… ou s’exiler.
Si ces années sont source de troubles, elles n’entament en rien la splendeur architecturale du bourg. Remparts, églises et demeures bourgeoises conservent fièrement leur majestueux aspect médiéval, défiant les tourments révolutionnaires.
Le Malzieu-Ville à l’Ère industrielle et durant la modernisation
Avec le XIXe siècle s’ouvre une nouvelle ère pour le Malzieu, marquée par une timide mais réelle industrialisation. Ainsi, aux traditionnelles activités agricoles et artisanales s’ajoutent de modestes manufactures de textile, de travail du bois ou de la peau de mouton.
Le village est d’ailleurs l’un des premiers de Lozère à être électrifié, signe de son ouverture aux progrès techniques. Toutefois, cette modernisation progressive ne l’empêche pas de conserver son âme rurale, avec ses foires réputées comme celle de la Sainte-Barbe.
Patrimoine vivant et dynamisme culturel
De nos jours, le Malzieu-Ville a su préserver avec brio l’authenticité de son riche patrimoine bâti, classé depuis 2021 au rang des « Plus Beaux Villages de France ». Ainsi, ses remparts restaurés, ses ruelles pavées et ses maisons à pans de bois racontent des siècles d’une histoire mouvementée.
Mais loin d’être une cité-musée, le Malzieu demeure un village vivant et animé, notamment grâce à un riche calendrier d’événements culturels et festifs.
Fêtes Médiévales
Chaque année, les Médiévales du Malzieu replongent la cité dans son passé guerrier le temps d’un week-end de réjouissances en costumes d’époque.
Loisirs Verts et Produits du Terroir
Au Malzieu, la douceur de vivre n’est pas un vain mot. Les amateurs de grand air pourront s’adonner à la randonnée sur les innombrables sentiers alentours, ou tenter l’expérience vertigineuse de la via ferrata surplombant les gorges de la Truyère.
Pour les épicuriens, les marchés hebdomadaires sont l’occasion de découvrir et déguster les délicieux produits du terroir lozérien: fromages, charcuterie, miels, vins et autres spécialités locales à faire pâlir les plus fins gourmets.
Flânerie dans les ruelles du temps au Malzieu-Ville
Arpenter les ruelles pavées du Malzieu-Ville, c’est s’offrir un voyage dans le temps, une immersion totale au cœur du Moyen Âge. Ainsi, à chaque détour, une nouvelle merveille architecturale nous happe: portes fortifiées, vieilles demeures à pans de bois, tours de guet…
La collégiale Saint-Hippolyte, joyau du XIIe siècle, impressionne par son architecture romane sobre mais élégante. Tout aussi remarquable, la tour de l’Horloge veille depuis des siècles sur la grand-place, avec sa majestueuse silhouette de pierre.
Musées et parcours historiques
Pour mieux comprendre le riche passé de la cité, rien ne vaut une visite au Musée des Ursulines ou du Vieux Palais. En effet, ces lieux d’exception abritent de précieuses collections d’objets, d’œuvres d’art et de documents d’archives retraçant l’histoire mouvementée du Malzieu.
Les plus curieux opteront pour le parcours historique jalonné de panneaux explicatifs, une promenade idéale pour s’imprégner de l’âme séculaire des lieux tout en (re)découvrant les principaux monuments.
Malzéviens célèbres, de la chirurgie à la littérature
Comme de nombreux villages de France, Le Malzieu a vu naître ou grandir son lot de personnalités illustres, ayant marqué leur époque dans des domaines très variés. Faisons un petit tour d’horizon de ces enfants du pays devenus célèbres.
Au XIVe siècle, Guy de Chauliac, originaire du hameau voisin de Chaulhac, devient le médecin personnel des papes d’Avignon. Celui-ci est un pionnier de la chirurgie, son traité la « Chirurgia Magna » lui vaut le titre de « Père de la chirurgie moderne ».
Quelques siècles plus tard, les généraux d’Empire Bertrand Brun de Villeret et Louis d’Aurelle de Paladines se couvrent de gloire sur les champs de bataille napoléoniens, avant d’être faits barons par la monarchie restaurée.
L’écrivain Robert de Flers, académicien malzévien
Mais la personnalité malzévienne la plus célèbre reste très certainement l’écrivain et dramaturge Robert de Flers (1872-1927). Issu d’une vieille famille locale, ce brillant homme de lettres préside la Société des auteurs dramatiques avant d’être élu à l’Académie française en 1921.
Ami du gratin littéraire et mondain de son époque, de Flers voue une tendresse toute particulière à son village natal qu’il contribue à faire connaître dans les salons parisiens. Ainsi, une rue du Malzieu porte aujourd’hui son nom, perpétuant la mémoire de cet illustre enfant du pays.
Le Malzieu-Ville en quelques mots…
En somme, le Malzieu-Ville recèle des trésors insoupçonnés pour les amoureux d’histoire, d’architecture et de patrimoine. Mais ce joyau médiéval de Lozère a bien plus qu’un riche passé à offrir. En effet, sa situation idyllique au cœur des splendides paysages de la Margeride, son dynamisme culturel et son art de vivre en font également une destination privilégiée pour les amateurs d’authenticité, de nature préservée et de douceur de vivre à la française.
Lien utile: Mairie du Malzieu-Ville
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